Des portefeuilles plus durables grâce aux produits structurés verts

Article de Sylveline Besson, Head of Capital Markets chez Indosuez en Suisse, en Asie et au Moyen-Orient, pour le magazine Sphere.

21 septembre 2021

Sylveline Besson | Indosuez

Pour Sylveline Besson, les produits structurés ont désormais toute leur place dans une allocation d’actifs répondant aux enjeux de la finance durable. Avec une offre toujours plus large et innovante, ces produits viennent en effet compléter la gamme de placements traditionnels répondant déjà à des critères de durabilité.

La prise de conscience collective fait son œuvre pour s’adapter à la nouvelle donne de la durabilité. La finance, dans sa perpétuelle quête d’innovation, n’échappe bien sûr pas à la règle puisqu’elle ne cesse d’adopter de nouvelles approches propres à satisfaire une clientèle de plus en plus sensible à l’investissement responsable. Pour s’en convaincre, il suffit de savoir que 95% des millenials envisagent d’investir en fonction de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Un seul chiffre qui nous fait rapidement comprendre quelle sera la norme de demain.

 

Pourquoi un tel engouement pour la finance durable?

Le changement climatique est désormais perçu comme un défi majeur et les investisseurs sont de plus en plus disposés à porter les entreprises prêtes à relever ce défi. Conséquence de la pandémie, la plupart des gouvernements ont adopté des plans de relance économique d’une ampleur sans précédent, favorisant la transition écologique. Au niveau des instruments financiers, les obligations vertes, ou sociales, dont les fonds levés sont destinés au financement de projets à vocation environnementale et/ou sociale, tels que l’efficacité énergétique, le logement abordable ou l’alimentation durable, suscitent également un intérêt croissant. Pourquoi ? Parce qu’elles permettent de donner plus de sens à ses investissements et de participer à une croissance responsable, tout en assurant une meilleure intégration des risques financiers et extra-financiers. C’est aujourd’hui une demande fortement exprimée par les investisseurs de tous les continents.

 

Qu’est-ce qui définit un produit structuré vert?

Un produit structuré vert offre des caractéristiques financières similaires à un produit structuré standard. C’est un titre de créance émis par une institution financière, dont la performance est liée au rendement d’actifs sous-jacents, comme un panier d’actions ou un indice boursier par exemple. À deux différences près : tout d’abord, le sous-jacent doit répondre à une solide notation ESG, déterminée par des spécialistes indépendants. Ensuite, l’obligation émise et intégrée dans le produit doit permettre de financer des projets environnementaux liés à des enjeux de durabilité, par exemple des centrales solaires, des parcs éoliens, des transports publics, des bâtiments écologiques ou encore des projets touchant à l’équité, la santé ou la biodiversité. Grâce à ce deuxième critère, un produit structuré vert ne sera pas forcément indexé sur les marchés des actions, mais pourra être lié à des taux d’intérêt ou d’autres sous-jacents. Très important dans ce processus, l’engagement de l’émetteur permet ainsi de donner un impact au placement réalisé par les investisseurs. C’est avec cette ambition que Crédit Agricole CIB(2), bénéficiant depuis des années d’une position de premier rang parmi les arrangeurs mondiaux d’obligations vertes, sociales et durables, propose un programme d’émission verte pour produits structurés spécifiquement destinés à refinancer des actifs contribuant à la lutte contre le changement climatique et à la transition vers une économie décarbonée.

Plus récemment, nous avons vu également l’émergence de produits structurés « solidaires », dont la souscription donne lieu à une donation, par la banque d’investissement, à des associations caritatives ou à des organismes engagés dans des causes environnementales ou philanthropiques. Parfois, dans ce cadre, les produits offrent des caractéristiques financières légèrement moins attractives qu’un produit standard, mais permettent à nouveau de donner plus de sens et un impact aux investissements des clients.

 

Quelle place pour ce type d’investissement dans une allocation d’actifs?

Pour les investisseurs, les produits structurés offrent une solution intéressante à bien des égards grâce à leur profil asymétrique, leur apport en matière de diversification et leur mitigation des risques au sein d’un portefeuille. Les produits avec des critères ESG disposent bien évidemment de ces mêmes avantages. De plus, bien souvent, les entreprises reconnues pour leur engagement ESG affichent des performances supérieures à leurs pairs dans leurs secteurs respectifs grâce à leur bonne gouvernance. Au-delà de ces données économiques, c’est donc un vrai atout, car les entreprises dans lesquelles les clients finaux placent leur confiance ont bien des chances de figurer parmi les gagnantes de la transformation responsable, que ce soit au niveau de la révolution technologique ou de l’adaptation aux nouvelles réglementations.

Un autre point important est le suivi de l’investissement rendu disponible par l’émetteur du produit. Le client final peut désormais, à travers un reporting régulier, connaître et mesurer l’impact réel de son placement par les projets réalisés sur le terrain. Un atout par rapport à d’autres investissements qui ne font que répondre à des critères de durabilité.

 

Points de vigilance et perspectives

À l’instar de tout investissement, les produits structurés comportent leur part de risque, comme le risque de marché lié au sous-jacent. Étant des produits de dette émis par des institutions financières, ils portent aussi le risque de crédit de l’émetteur. Mais ce qu’il faut garder à l’esprit ici, c’est que nous faisons face à une industrie en phase de croissance, dont les règles ne sont pas encore totalement établies. D’une part, les processus d’évaluation des critères ESG des sous-jacents peuvent diverger d’un intervenant à l’autre. Il est donc recommandé de s’adresser à un partenaire de confiance, qui s’appuie sur une méthodologie transparente ou des standards reconnus comme le cadre développé par les Green Bond Principles. Cette préoccupation concerne également les faîtières comme l’Association Suisse des Produits Structurés (Swiss Structured Products Association - SSPA) qui vient d’organiser un nouveau groupe de travail en charge d’élaborer un code de conduite permettant de définir les critères de définition des produits structurés verts. Après un important travail de taxonomie réalisé en 2020 pour harmoniser le nom des produits structurés de manière plus transparente, la SSPA devrait donc bientôt proposer un cadre favorisant la comparabilité des produits structurés verts, et donc leur attractivité pour les clients finaux.

Pour répondre aux enjeux de développement durable, nul doute que les produits structurés, nouvelle pièce du puzzle dans une allocation verte efficiente, vont acquérir une place importante dans les portefeuilles des clients à la recherche de sens dans leur démarche d’investissement.

 

Paru dans le magazine Publisphere - Septembre/Novembre 2021

21 septembre 2021

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